Le département des Immigrés de l’OGBL a organisé le 23 novembre 2024 sa 8e Conférence nationale de l’immigration (CNI) au CEFOS, à Remich, en présence de 80 participants, dont quelque 70 délégués.
Dans son discours, la présidente du département des Immigrés de l’OGBL, Dores Azeredo, a parlé des milliers d’immigrés, d’origines diverses, qui accomplissent des travaux clés au Luxembourg, aussi bien manuels qu’intellectuels. Elle a également évoqué la jeune génération de «fils et filles d’immigrés qui participent activement à la vie culturelle, sociale, sportive et politique du Luxembourg », en soulignant que «leur rôle est fondamental pour l’avenir de notre société ». Tous contribuent à la richesse du pays, a-t-elle rappelé.
Le rapport d’activités a été présenté par Sonia Neves, l’une des deux secrétaires centraux du département, qui a attiré l’attention sur le renouvellement des accords de coopération qui ont eu lieu entre l’OGBL et les syndicats CGTP-IN (Portugal) et UNTC-CS (Cap-Vert). Le département est aussi intervenu ces dernières années à plusieurs reprises auprès des autorités portugaises concernant des questions touchant aussi bien au fonctionnement du consulat, au non-paiement du salaire minimum à des fonctionnaires et employés du consulat et de l’ambassade, à la double imposition des pensionnés, etc.
Invité à s’exprimer lors de cette conférence, le ministre des Affaires intérieures, Léon Golden, qui a notamment l’immigration dans ses ressorts, a souligné que «l’immigration ne fait pas seulement partie du passé et du présent de notre pays, mais aussi de son avenir». Il a rappelé qu’il a récemment assoupli les conditions d’obtention du permis de séjour «pour les talents» comme il dit et que les demandeurs d’asile sont désormais autorisés à travailler au bout de quatre mois au lieu de six auparavant. «Le travail est important pour l’intégration, le droit au travail est un droit fondamental», a-t-il rappelé.
José Luís Correia, le second secrétaire central du département des Immigrés, a quant à lui qualifié de «cosmétiques » les mesures mises en œuvre jusqu’ici par le gouvernement pour contrer la crise du logement et les prix qui explosent dans ce secteur. «Il faut que le gouvernement stoppe les spéculateurs immobiliers, car ils ne rapportent rien de bien, ni pour le pays, ni pour la population. Nous voyons que ça construit beaucoup, mais pas ce dont nous avons besoin, c’est-à-dire de logements sociaux. Il en manquerait 30 à 40 000», selon José Luís Correia.
Autre source d’inquiétude du département des Immigrés: la pauvreté qui augmente. Il n’est pas possible que dans le pays le plus riche du monde, le risque de pauvreté affecte aujourd’hui 19 % de la population — le taux le plus élevé de toute l’UE. Au Luxembourg, presque la moitié des familles monoparentales ainsi qu’un enfant sur quatre sont en effet exposés au risque de pauvreté. Ici aussi, les enfants immigrés sont les premiers concernés. Actuellement, le département des Immigrés s’attelle à résoudre le cas de pensionnés du Luxembourg qui partent vivre à l’étranger car, suivant le pays dans lequel ils choisissent d’aller vivre, leurs pensions peuvent se retrouver être imposés deux fois. C’est le cas, par exemple, des pensionnés qui partent vivre au Portugal ou en Italie.
Dans son intervention, David Angel, membre du Bureau exécutif de l’OGBL a rappelé pour part que si le taux de travailleurs pauvres s’élève dans son ensemble déjà à 14,3 % au Luxembourg, pays «champion européen » en la matière — un record scandaleux! – les travailleurs immigrés sont ceux chez qui il y a aussi le plus grand risque de tomber dans la pauvreté. «À l’école aussi, les enfants d’immigrés occupent le bas de l’échelle» et comme «l’ascenseur social souvent ne marche pas, les inégalités se reproduisent».
Et selon David Angel, rien ne changera tant que les immigrés n’auront pas le droit de vote aux législatives. «Comment pourrait-ce être autrement si 47 % des habitants n’ont pas le droit de vote et ne peuvent donc pas participer aux décisions du pays. Si on prend en compte les travailleurs, ce sont ainsi deux tiers qui n’ont pas le droit de vote.» C’est donc sans surprise que toutes les récentes attaques du gouvernement contre les droits des salariés (travail dominical, conventions collectives, etc.), touchent en première instance les immigrés, puisqu’ils n’ont de toute façon pas leur mot à dire.
«Le gouvernement s’attaque aux pauvres, alors qu’il devrait lutter contre la pauvreté. L’immigration les arrange quand c’est de la main-d’œuvre à bas coût, qui travaille pour peu ou pas d’argent, exploitable car vulnérable, leur permettant de tirer les conditions de travail et de rémunération vers le bas! Le patronat est le premier à crier au vivre-ensemble et à revendiquer dans un deuxième temps des exceptions au droit du travail, des exceptions au salaire minimum pour les demandeurs de protection internationale. Pour démanteler les acquis des salariés de ce pays, pour pousser les salaires vers le bas et détricoter nos conventions collectives et nos conditions de travail! » a vivement épinglé David Angel.
A noter enfin que la Conférence nationale de l’immigration (CNI) constitue l’organe supérieur du département des Immigrés de l’OGBL. Elle se réunie tous les cinq ans. La CNI du 23 novembre a ainsi été l’occasion de faire le bilan du travail effectué entre 2019 et 2024 et de présenter le programme d’action pour les années 2024-2029. Y ont aussi été élus les représentants du département des Immigrés au futur Comité national de l’OGBL ainsi que pour le Congrès de l’OGBL, prévu les 28 et 29 mars 2025.
L’article a été publié dans l’Aktuell (5/2024)
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