André Roeltgen, Président de l‘OGBL
L’économie luxembourgeoise tourne à plein régime et les salaires augmentent. Le premier énoncé est juste, pas le second. L’économie luxembourgeoise tourne à plein régime et les dividendes et les profits des actionnaires et des employeurs augmentent. Cette fois-ci, les deux énoncés sont justes. Et c’est la raison pour laquelle s’annonce au Luxembourg une vague de conflits salariaux.
Quasiment tous les secteurs économiques sont concernés. L’industrie, le bâtiment et l’artisanat, le secteur bancaire et financier et de nombreuses activités dans le secteur des services. L’OGBL, en tant que principal syndicat au Luxembourg, se trouve face à de grands défis. La stratégie manifeste de blocage pratiquée par les organisations patronales luxembourgeoises en matière de salaires doit être brisée.
Ainsi, par exemple, dans le secteur du bâtiment. Face à la presse réunie, l’organisation patronale concernée, la Fédération des Artisans, se félicite du boom économique. Face aux salariés, le tableau se renverse: dans le cadre des négociations portant sur la convention collective, elle retarde tout d’abord les négociations avant de passer à l’offensive en attaquant de manière aberrante les salaires et les conditions de travail. Dégradation de la prime annuelle, refus d’augmentation des salaires et bousillement du temps de travail en exigeant l’introduction d’une période de référence d’un an. Un déjà-vu de 2013. A l’époque, le patronat n’avait cédé qu’après que les salariés, à plus de 90%, se soient prononcés pour la grève. Au regard de la ligne scandaleuse adoptée par le patronat dans ces négociations, l’OGBL a lancé la mobilisation et appelle l’ensemble du salariat dans le secteur du bâtiment à se préparer au conflit social et à rejoindre massivement l’OGBL. Il n’y aura pas de détérioration des conditions de travail avec l’OGBL! Les bénéfices des entreprises doivent se reporter dans les salaires! L’OGBL appelle l’organisation patronale à éviter que le conflit ne se durcisse davantage en initiant dès-à-présent une négociation salariale positive avec l’OGBL. Dans ce contexte, il doit être mentionné qu’il n’existe toujours pas, 8 ans après l’introduction du statut unique, de convention collective unique rassemblant anciens employés et ouvriers. La période légale pour ce faire est désormais révolue.
Ainsi, par exemple, dans le secteur bancaire. Au regard de l’évolution réel des salaires du personnel dans les banques, la question est vite résolue de savoir où vont les gains de productivité et où se déversent les résultats économiques: le personnel reste sur sa faim depuis 2010 avec une augmentation linéaire de 1%! 0,125% en moyenne annuellement! La situation est très différente dans les étages supérieurs, chez les managers et les actionnaires. Il y a du retard à rattraper en matière de conditions de travail. L’OGBL appelle l’ABBL à mettre une proposition salariale substantielle sur la table de négociation. Et l’OGBL exige que les intérêts professionnels, sociaux et touchant à la santé du personnel soient mieux protégés face à l’intensification inhumaine du travail et aux délocalisations motivées par le seul profit. Des mesures législatives s’imposent également compte tenu que le patronat des banques définit à tort comme cadres des milliers de salariés en les privant ainsi de droits qui leur reviennent de par leur convention collective de travail.
Ainsi, par exemple, dans de nombreuses entreprises de l’industrie. Les salaires ont été réduits et détériorés au cours de la crise. La crise est passée et les pertes subies doivent désormais être reprises. La baisse des salaires à l’embauche qui a été provoquée par la crise doit être levée. Par ailleurs, le noyau dur du personnel doit être renforcé dans ses conditions de travail et protégé contre le travail intérimaire qui est hostile au salariat et qui représente une forme d’externalisation. Et quand est-ce que la tripartite sidérurgie va enfin se conclure dans l’intérêt des salariés de la sidérurgie?
Ainsi, par exemple, dans de nombreux autres secteurs des services, dans lesquels pour l’OGBL des conflits salariaux sont imminents ou s’annoncent. Dans les sociétés de gardiennage, à l’université du Luxembourg, à LuxAirport, chez les ascensoristes, chez…
Beaucoup a déjà été dit concernant le conflit social dans l’ensemble du secteur de la santé et du secteur social. De la part de l’OGBL et de la part du gouvernement! Les préparatifs en vue de la grève sont en cours, contre les agissements scandaleux du patronat envers ce secteur essentiel des services publics pour l’ensemble de la population. La seule solution permettant d’éviter ce conflit social réside dans la signature du patronat sous les nouvelles carrières revendiquées par l’OGBL. Personne ne peut douter un seul instant de l’issue du vote des membres de l’OGBL lorsque la base sera consultée pour faire grève. Mais personne ne doit sous-estimer non plus les dégâts que les «managers» dont les entreprises sont financées par de l’argent public et les assurances sociales – de la Croix-Rouge aux hôpitaux CHL, Hôpitaux Robert Schuman Kirchberg – ont déjà provoqués. Ils ne seront pas si faciles à réparer et laisseront des traces pendant des années. Et déjà, de nouvelles questions se posent. Comme par exemple celle consistant à savoir si les prochaines négociations portant sur la convention collective ne devront pas être reliées aux négociations salariales générales dans le secteur des services publics au Luxembourg.
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