Une délégation de l’OGBL a récemment rencontré le député portugais, Paulo Pisco, élu du Parti socialiste portugais pour le cercle de l’émigration au Parlement portugais. La délégation de l’OGBL était composée à cette occasion de Carlos Pereira, membre du Bureau exécutif ; Sonia Neves et José Luís Correia du département des Immigrés ; José Luís Gonçalves du syndicat Commerce ; Dores Azeredo du syndicat Nettoyage et Joe Gomes du syndicat du Bâtiment.
La réunion a porté sur plusieurs points, dont principalement :
(1) L’OGBL a fait part au député portugais du problème de la double imposition des pensionnés qui retournent vivre au Portugal — un problème de longue date qui n’est toujours pas résolu. Paulo Pisco s’en est étonné, en soulignant que la double imposition est illégale et que les administrations fiscales des deux pays collaborent pour éviter ce genre de situation.
Or, comme les représentants de l’OGBL l’ont expliqué : une pension luxembourgeoise, qui est taxée à la source (au Luxembourg, donc !), puis envoyée au pensionné qui vit au Portugal, est à nouveau imposée par l’administration fiscale portugaise lorsqu’elle dépasse un certain plafond suivant le barème fiscal du pays. Ceci est inacceptable pour l’OGBL !
Paulo Pisco a indiqué qu’il prendra une initiative législative à ce sujet au sein de son groupe parlementaire.
(2) L’OGBL a ensuite présenté à Paulo Pisco le dispositif Luxembourgeois de l’assurance-dépendance et des soins à domicile. Le parlementaire a immédiatement rapproché ce dispositif des « cuidados continuados » (« soins continus ») que le Service nationale de santé (SNS) propose au Portugal. Toutefois, si au Luxembourg, il suffit de solliciter des prestations de l’assurance-dépendance, les « cuidados continuados » au Portugal ne sont prévus que pour les personnes vivant dans le besoin et n’ayant vraiment pas d’autres alternatives pour accéder à des soins. Il serait difficile d’en faire bénéficier les pensionnés venant du Luxembourg, considérés comme « bien lotis ». L’OGBL a expliqué que l’assurance-dépendance fonctionne très bien déjà en Autriche et en Allemagne, pays avec qui le Luxembourg dispose d’accords réciproques en la matière.
Paulo Pisco a estimé qu’il serait peut-être plus opportun de travailler à une législation européenne obligeant tous les Etats-membres à se coordonner à ce niveau.
(3) En ce qui concerne les « propinas », le député portugais a rappelé que c’est si c’est bien le gouvernement social-démocrate qui, en 2013, a décidé de faire payer des frais d’inscriptions aux élèves portugais vivant à l’étranger, lui-même y a toujours été opposé, également à l’époque où son parti l’a proposé. Mais la proposition est passée. Paulo Pisco a assuré qu’il poursuivrait ses efforts pour en finir avec ces frais d’inscriptions.
En raison de ces frais d’inscription, nombre d’élèves ne fréquentent plus les cours de portugais. De plus, on constate désormais, d’une part, qu’il n’y a pas assez d’enseignants de portugais au Luxembourg et que beaucoup de communes ne proposent pas de tels cours, d’autre part, de plus en plus d’enseignants portugais se détournent de ces cours car les salaires ne sont pas attractifs — ces derniers préférant aller travailler pour le ministère de l’Education luxembourgeois.
(4) Concernant les services consulaires, l’OGBL observe que beaucoup de personnes rapportent ne pas savoir fixer un rendez-vous en ligne au Consulat sur la plateforme numérique créée à cet effet. Paulo Pisco fait remarquer qu’il y a toujours la possibilité de le faire par téléphone. Mais le problème avec le téléphone, c’est que souvent, personne ne répond.
En ce qui concerne les salaires des fonctionnaires du Consulat et de l’Ambassade du Portugal au Luxembourg, certains ne sont toujours pas indexés, comme le prévoit pourtant la législation luxembourgeoise en la matière — une situation déjà dénoncée par l’OGBL. Le député portugais a assuré qu’il ferait part à l’ambassadeur des préoccupations de l’OGBL en ce qui concerne ces deux points.
(5) L’OGBL a également souligné auprès de Paulo Pisco que de plus en plus de Portugais se retrouvent aujourd’hui dans des situations de pauvreté et de précarité au Luxembourg, que ce soit suite à la perte d’un emploi (les Portugais sont les plus représentés à l’ADEM), ou, que même en occupant un emploi, ils sont confrontés à des difficultés financières. Le Luxembourg affiche en effet un taux de « working poor » (travailleurs pauvres) de 17% et les Portugais y figurent parmi les plus nombreux.
Selon Paulo Pisco, ce phénomène étant un problème social plutôt propre au Luxembourg, il ne saurait intervenir. Dans ce contexte, l’OGBL a toutefois suggéré au député qu’il serait peut-être de relancer la campagne des sensibilisation « Emigrar de olhos abertos » (Emigrer les yeux ouverts) que le gouvernement portugais avait lancé il y a quelques années, car force est de constater que nombre de Portugais concernés s’avèrent être de nouveaux-arrivants.
(6) Une manière d’aider les salariés et les chômeurs portugais à faire face à leurs difficultés pourrait justement consister dans le fait de leur proposer de la formation professionnelle continue adaptée à leurs besoins. L’OGBL a ainsi demandé à Paulo Pisco qu’il intervienne auprès des autorités compétentes, pour relancer l’accord sur la formation professionnelle en langue portugaise, qui n’a jamais vraiment été mise en pratique.
(7) L’OGBL a également sollicité Paulo Pisco pour qu’intervienne auprès des autorités portugaises afin que les salariés en reclassement professionnel qui perçoivent une indemnité d’attente depuis 2002 puissent bénéficier d’une sorte d’amnistie. L’objectif étant que les personne concernées puissent percevoir une pension d’invalidité.
La réunion s’est achevée sur la promesse faite par Paulo Pisco de donner suite aux questions et revendications présentées par l’OGBL.
Publié par le département des Immigrés de l’OGBL, le 27 juin 2024
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