Lors de sa réunion du 17 octobre 2011, le comité exécutif de l’OGBL analysa e a. le budget de l’Etat pour 2012, la situation dans certaines grandes entreprises comme ArcelorMittal, Dexia-Bil, Luxair-Cargocenter et prépara la prochaine ronde de la tripartite.
En ce qui concerne ce dernier point, le Comité exécutif de l’OGBL regrette que les organisations patronales essaient à nouveau de focaliser malgré tout la tripartite sur la question de l’indexation. La proposition d’une désindexation générale et l’attaque de front simultanée contre les salaires est comprise comme une pure provocation, telle était l’appréciation unanime de la direction de l’OGBL. La suppression de l’index équivaudrait à la suppression du modèle de dialogue tripartite luxembourgeois.
L’OGBL rend attentif au fait que les entreprises ont eu depuis 2006 un remarquable soutien de la part de l’Etat et ce de différentes façons: l’impôt sur les collectivités (imposition des entreprises) a été diminué d’un pourcent (85 millions €), le droit d’apport a été supprimé (100 millions €); la participation à l’assurance accident a été diminuée de 0,1 % pour les années 2010, 2011 et 2012 et la perte de 20 millions € par an est payée par l’Etat à l’assurance (économie pour les entreprises: 60 millions €); l’Etat subventionne depuis 2011 pour une durée de 5 ans la mutualité patronale à hauteur de 25 millions par an (125 millions €); la participation étatique aux coûts de la formation professionnelle dans les entreprises a été portée en 2011 de 14,5 à 25 % ce qui représente une économie de 20 millions € par an pour les entreprises. En plus les fédérations patronales ont réussi à obtenir le gel des cotisations pour l’assurance maladie jusqu’en 2014. Et finalement, le paiement échelonné des tranches indiciaires a induit une économie en coûts salariaux pour les entreprises de plus de 100 millions d’euros.
L’OGBL constate que malgré ces cadeaux généreux, l’Union des entreprises luxembourgeoise (UEL) manque de respect pour les acquis, la cogestion et l’aspect revenu des salariés. On vise à insécuriser et intimider ceux qui rendent possibles les bons résultats et la productivité comparativement élevée des entreprises luxembourgeoises, à leur faire subir des pertes de revenu et de leur octroyer une flexibilité à outrance. L’OGBL en tant que premier représentant des salariés luxembourgeois dit stop ! Si l’UEL persiste dans son combat unilatéral contre le pouvoir d’achat du salariat, contre une amélioration du droit du travail et des conditions de travail, contre la réforme de la législation sur la cogestion et contre les améliorations du droit social, si elle continue à œuvrer contre le régime de pension public basé sur la solidarité en faveur de systèmes d’assurances privées, alors l’échec des négociations tripartites est programmé.
L’OGBL revendique de la part du gouvernement en tant que représentant des intérêts de tous les citoyens de ce pays ainsi que de ceux des 150 000 frontaliers qui se déplacent tous les jours au Luxembourg et qui contribuent en grande partie à la prospérité du pays, de présenter des bilans critiques sur les points suivants avant de programmer de nouvelles réunions tripartites: 1. Quels ont été les effets des mesures de soutien aux entreprises mises en œuvre depuis 2006? 2. Dans quels projets économiques d’avenir y a-t-il eu des investissements et avec quel résultat? 3. Quelle politique industrielle le gouvernement poursuit-il? De quelle manière veut-il maintenir, développer et diversifier l’industrie luxembourgeoise? 4. Quelle est la stratégie du gouvernement concernant la consolidation, la diversification et le développement du secteur financier? 5. Le gouvernement a-t-il fait des études pour savoir s’il y a des différences compétitivité et de productivité entre les différents secteurs économiques et quelles mesures envisage-t-il prendre pour soutenir ceux qui montrent des faiblesses? 6. Qu’en est-il du site logistique? 7. Dans quelle mesure le gouvernement a-t-il pris et prendra-t-il soin d’associer d’avance les représentants des salariés et leurs syndicats dans les processus décisionnels d’importance stratégique (Exemples: Cargolux; Dexia-Bil; KBL; ArcelorMittal; …)?
L’OGBL attend du gouvernement une position claire en ce qui concerne le maintien du système d’indexation, la défense du pouvoir d’achat, l‘amélioration des droits de cogestion des salariés dans les entreprises, la défense et l‘amélioration structurelle du salaire social minimum, la défense du principe de l’ajustement biannuel du salaire social minimum et des pensions à l’évolution générale des salaires ainsi que la lutte contre l’inflation domestique.
L’OGBL s‘investit par principe et de manière conséquente pour le progrès social, et non pour le statu quo, et ne peut en aucun cas être d’accord avec une proposition régressive comme l’abolition du système d’indexation. L’index, ensemble avec le système luxembourgeois des transferts sociaux, garantissent le maintien du pouvoir d’achat des personnes vivant et travaillant au Luxembourg et constituent un véritable bouclier contre la pauvreté comme l‘a démontré à nouveau la récente étude du Statec sur le travail et la cohésion sociale. Celui qui aujourd’hui veut désindexer le pays, va demain supprimer ou réduire toute une série de transferts sociaux et ainsi diviser la population luxembourgeoise en deux: en pauvres et en riches. Le fait que dans notre pays 14,5 % de personnes frôlent le risque de pauvreté suffit à miser également à l’avenir sur le progrès social et non sur la régression, tel est l’avis unanime du Comité exécutif de l’OGBL.
Dans ce contexte, l’OGBL revendique en vue de l’excellente évolution des finances publiques d’adapter avec effet immédiat les allocations familiales – désindexées en 2006 – au coût de la vie et de les réindexer par la suite, d’adapter et d’indexer le boni enfant, d’adapter et de réindexer l’indemnité pour le congé parental. Par ailleurs, l’OGBL revendique que le crédit d’impôt pour salariés (CIP) soit porté de 25 à 50 €, que certaines participations individuelles aux soins de santé soit annulées et que les prestations de la Caisse nationale de santé (CNS) soit améliorées notamment dans le domaine de la médecine dentaire. En tant que compensation salariale pour le subventionnement étatique de la mutualité patronale, l’OGBL revendique enfin qu’à partir du 1er janvier 2011 la surprime payée par les ex-ouvriers en matière d’assurance maladie soit supprimée.
Vu l’attitude extrêmement négative des fédérations patronales et vu leur obsession de supprimer toutes les spécificités du modèle luxembourgeois auquel le Luxembourg doit sa paix sociale et son ascension ininterrompue vers la prospérité sociale depuis la Deuxième Guerre mondiale, le Comité exécutif de l’OGBL est d’avis qu’un accord tripartite à tout prix n’est pas souhaitable. La seule chose qui compte pour l’OGBL sont les résultats.
Communiqué par l’OGBL le 19 octobre 2011
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