Le Comité exécutif de l’OGBL a commencé à examiner le projet de budget 2016 déposé récemment à la Chambre des députés par le ministre des Finances. De manière générale, l’OGBL se voit amplement conforté dans son analyse de la situation économique, sociale et financière du pays. Il ressort en effet du projet de budget que les finances publiques luxembourgeoises demeurent saines, confirmant ainsi le caractère superflu du paquet de mesures d’économies – faussement baptisé «paquet pour l’avenir» («Zukunftspak») par le gouvernement – qui affecte douloureusement les ménages depuis plus de dix mois.
L’OGBL constate tout d’abord que malgré le changement de régime en matière d’imposition du commerce électronique intervenu au 1er janvier 2015, qui a longtemps été brandi comme une redoutable menace pesant sur l’équilibre des caisses de l’État, l’administration publique continue malgré tout à afficher un excédent budgétaire (+0,5% du PIB prévu pour 2016): le paramètre décisif pour la Commission européenne. Le déficit observé au niveau du budget de l’administration centrale qui est estimé à 1,2% du PIB (633 millions d’euros) pour 2016 s’explique par le niveau très élevé d’investissements prévu l’année prochaine (2 249 millions d’euros, ce qui constitue un niveau record pour le pays), que salue par ailleurs l’OGBL. En d’autres termes, il ressort nettement de cette analyse que les dépenses courantes de l’État ne constituent en rien un danger pour l’avenir et que le budget de l’administration centrale est, en soi, plus qu’en équilibre. A noter enfin que les investissements prévus en 2016 pourraient être financés par un prêt plus élevé que prévu étant donné que les taux d’intérêts pratiqués actuellement sont très faibles.
Dans ce contexte, l’OGBL ne peut que s’indigner du fait que le gouvernement maintienne coûte que coûte son paquet de mesures d’économies, sachant par ailleurs que le Luxembourg bénéficie actuellement d’une croissance toujours très favorable (plus de 10% sur trois ans) dont les ménages devraient légitimement pouvoir bénéficier.
L’OGBL s’étonne également que le ministre des Finances, lors de sa présentation du projet de budget, ait soigneusement évité d’évoquer les mesures d’économies qui affectent durement les ménages, tout particulièrement depuis le début de l’année. Des mesures qui ne sont pas étrangères à l’augmentation du taux de risque de pauvreté au Luxembourg que révélait deux jours plus tard le Statec dans son rapport sur le travail et la cohésion sociale et qui établit à 26% le taux de ménages qui affirment désormais avoir des difficultés à joindre les deux bouts.
L’OGBL tient dans ce contexte à rappeler, entre autres, qu’au cours des derniers mois, les ménages ont dû supporter une augmentation de 2% du taux de TVA, que l’impôt d’équilibrage budgétaire temporaire de 0,5% – dont l’OGBL réclame la suppression immédiate – est toujours en vigueur, que la charge d’un certain nombre d’autres impôts et de taxes a par ailleurs mécaniquement continué de s’aggraver pour les ménages en raison notamment de la non-adaptation des barèmes d’imposition à l’inflation depuis des années et que les allocations d’éducation et de maternité ont été purement et simplement abolies sans compensation aucune jusqu’à présent. L’OGBL tient également à faire remarquer que le projet de réforme des allocations familiales actuellement sur la voie des instances législatives ne contient pas de mécanisme d’adaptation automatique des prestations à l’évolution du coût de la vie comme s’y était pourtant engagé l’année dernière le gouvernement envers les syndicats et que l’augmentation de 2,2% de l’enveloppe budgétaire consacrée à l’assurance-dépendance ne suffira pas pour couvrir les besoins en la matière. Bref, l’OGBL constate que le pouvoir d’achat des ménages n’est pas prêt à s’améliorer grâce à la politique budgétaire du gouvernement. Et qu’au contraire, ce sont les ménages qui encore une fois vont être mis davantage à contribution l’année prochaine pour financer le budget de l’État (les recettes provenant de l’impôt sur le revenu vont croître de 7%, alors que de l’autre côté, celles provenant de l’impôt sur le revenu des collectivités, c’est-à-dire des entreprises, vont elles reculer de 1,4%).
Concernant enfin les deux seules «annonces positives» du ministre des Finances dans le cadre d’un soi-disant «renforcement de l’État-social», présenté pourtant comme l’une des priorités de ce gouvernement, l’OGBL attend impatiemment de voir en détails les modalités sous-tendant l’augmentation annoncée de l’enveloppe budgétaire consacrée aux chèques-services. Quant au logement, les mesures annoncées, bien que nécessaires, équivalent à une petite goutte d’eau jetée sur une énorme pierre brûlante qui n’est pas prête de se refroidir de la sorte.
Tout en poursuivant son analyse détaillée du projet de budget 2016, l’OGBL maintient toutes ses critiques quant à la trajectoire budgétaire du gouvernement et réclame d’urgence un changement de cap. L’OGBL revendique en lieu et place des mesures d’économies – le soi-disant «paquet pour l’avenir» du gouvernement – un paquet de mesures sociales: un paquet social. Pour un meilleur travail et un meilleur revenu!
Communiqué par l‘OGBL le 22 octobre 2015
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