Sur décision du gouvernement, la députée Tessy Scholtes, stagiaire en éducation physique, sera nommée professeur E7 à la seule condition de passer son mandat de 3 ans sur les bancs de la Chambre des députés, au motif qu’un député ne peut toucher de salaire versé par l’Etat. En voilà une curieuse trouvaille pour sortir de l’impasse juridique créée par une stagiaire devenue députée! Cette mesure est contraire à la réglementation donnant accès à la profession de professeur E7 qui stipule que le stagiaire suive une formation théorique et pratique, se soumette à un examen de fin de stage pédagogique et rédige un travail de candidature. Elle est aussi contraire au principe de l’égalité de tous devant la loi, donc contraire aux bases démocratiques de notre Etat de droit. Qui plus est, cette décision est un affront aux jeunes stagiaires qui sont obligés de se soumettre à un stage théorique et pratique de 2 ans et demi, de faire d’innombrables sacrifices pour satisfaire aux exigences du stage pédagogique. Cette décision est un affront aux nombreux professeurs qui s’investissent comme tuteurs ou comme formateurs pédagogiques et qui sont chargés d’encadrer les jeunes stagiaires et de les préparer progressivement aux multiples défis du métier. Cette mesure est un affront aux syndicats qui, depuis des années, s’engagent pour une réforme du stage pédagogique axée sur les réalités quotidiennes de l’école. Cette mesure est un affront à l’école publique en général, qui mérite des professeurs compétents et qualifiés.
On ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre!
Par cette mesure, le MENFP court-circuite sa propre politique basée sur l’enseignement des compétences, exigeant de tout enseignant une solide formation de base ainsi qu’une formation continue. Le SEW se demande sur quelle base juridique se fonde pareille incongruité. A sa façon hautaine et méprisante du corps enseignant, le chef de fraction CSV, Lucien Thiel, a lancé un défi rhétorique aux auditeurs sur les ondes de RTL le jeudi 5 mai les invitant à proposer une meilleure solution pour sortir de l’impasse. Pour y répondre, il n’y a pas lieu de chercher très loin: Madame Scholtes peut soit accepter le mandat de député et se soumettre plus tard au stage pédagogique, aux examens de fin de stage et à la période probatoire, soit renoncer au mandat de député et poursuivre normalement son stage. Il faut parfois faire des choix dans la vie et même comme députée du CSV, on ne peut avoir le beurre et l’argent du beurre. Mais les responsables politiques en ont décidé autrement! Madame Tessy Scholtes sera donc professeur par la grâce de ses protecteurs politiques! Comment exercera-t-elle plus tard son métier de professeur d’éducation physique sans avoir la moindre idée de la recherche pédagogique et des techniques didactiques à appliquer? D’aucuns diront que Madame Scholtes n’aura pas à s’en inquiéter; sa voie est tracée. Par le biais de la politique, elle passera automatiquement dans les bureaux ministériels pour élaborer les prochaines réformes pédagogiques! Pauvre pays, pauvre école publique!
Communiqué par le SEW/OGBL le 6 mai 2011
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