Alors qu’à Dudelange, l’entreprise Luxguard II bat à nouveau des records, la direction bloque dans le cadre du renouvellement. La délégation du personnel a été contrainte de saisir l’Office national de conciliation. Rencontre.
Chers délégués, présentez vous! Nous sommes Gabriel Bettembourg, Olivier Crestani, Michel Puppo, Olivier Rebic, Jean Szmidt et Jean-François Verduci. Pour certains c’est notre premier mandat, pour d’autres nous avons déjà quelques mandats derrière nous. Nous sommes les délégués effectifs de Guardian Luxguard II à Dudelange. Notre entreprise compte presque 250 salariés et fabrique du verre pour différents secteurs d’activité.
Votre entreprise a connu des difficultés? Notre entreprise avait été touchée de plein fouet par la crise. Notre four devait être soumis à une réfection et notre nouvel investisseur hésitait à investir dans le site. Un vrai risque de fermeture existait. Le site a pu être sauvé grâce aux efforts de tous les partenaires: les salariés, le gouvernement et le groupe. Cela a quand même eu des conséquences. Environ trente personnes ont perdu leur emploi. Nous sommes passés par du chômage partiel et nous avons subi des pertes au niveau de nos salaires.
Comment va Dudelange aujourd’hui? L’entreprise va bien. Nous battons des records. Les bénéfices sont de retour. Le groupe a même déclaré que la crise était terminée. Malheureusement, pour les salariés cela ne va pas aussi bien. Les négociations pour le renouvellement de notre convention collective sont bloquées et nous avons été contraints de saisir l’Office national de conciliation.
Comment en êtes-vous arrivés là? Etant donné la situation positive de l’entreprise, nous avons revendiqué des améliorations salariales. Un juste retour des choses. Nous avons proposé plusieurs pistes comme des augmentations du tarif horaire, des primes revalorisées ou l’introduction d’un 13e mois, mais aucune n’a été prise en compte. Les négociations collectives sont au point mort.
Quelle est la position de votre direction? La direction nous a soumis certaines propositions, mais rien d’acceptable. Ils nous ont proposé du variable lié à la présence ou des chèques repas en remplacement d’autres avantages, également liés à la présence. De légères augmentations salariales ont été proposées pour les plus anciens. Nous avons rejeté ces propositions puisqu’elles ne sont aucunement garanties pour l’ensemble des salariés. Surtout la révision des salaires qui doit être généralisée et non limitée à une partie du personnel. Nous avons également l’impression qu’ils cherchent par tous les moyens à gagner du temps.
Vos revendications sont adéquates et justifiées? Au-delà des négociations collectives, nous le sentons aussi au niveau des décisions et de la politique de sécurité, nous ne sommes pas englobés dans les décisions. Cela a pour effet que les salariés perdent confiance envers l’entreprise. Avec un moral à la baisse nous avons besoin d’une bonne convention pour les salariés et pour l’avenir du site.
Vous avez parlé de moral à la baisse? Les trop grandes différences de salaires ont divisé le personnel. Les perspectives ne sont plus ce qu’elles étaient. Nous avons l’impression d’avoir régressé et ce surtout pour les plus jeunes qui sont moins bien lotis que les salariés il y a 10 voire 20 ans. Cela renforce le fait que nous subissons un renouvellement constant des salariés. Les jeunes viennent, mais ne restent pas. Les plus anciens ne cessent de former et reformer des jeunes pour rien. Cette surcharge de travail a un impact sur l’intensité du travail. Ils sont responsables pour leur travail et la sécurité, mais aussi pour celle de ceux qui sont formés.
Que ferez-vous si vous ne trouvez pas d’accord? Notre objectif est de trouver un accord qui puisse satisfaire tout le monde pour permettre de reprendre le travail dans un meilleur contexte. Nous ne lâcherons pas. Nous utiliserons tous les moyens à notre disposition pour défendre les intérêts de nos collègues. Nous souhaitons que l’entreprise nous fasse enfin confiance, comme nous l’avons fait dans le passé, pour sortir de cette situation.
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