Réunion du Comité national de l’OGBL : l’Europe sera sociale ou elle ne sera pas

Le Comité national de l’OGBL s’est réuni ce 27 septembre 2016 à la Maison syndicale de Dudelange. A l’ordre du jour de cette réunion figuraient entre autres une analyse de la situation politique, sociale et financière tant du point de vue national qu’international, une analyse des projets de loi en cours, l’organisation de la manifestation du 8 octobre contre les projets d’accord CETA et TTIP , la finalisation des préparatifs en vue de la séance académique qui aura lieu le 19 octobre dans le cadre du 100e anniversaire des syndicats libres au Luxembourg et enfin la situation dans les différents secteurs d’activités.

L’Europe est malade

Le Comité national de l’OGBL s’est tout d’abord penché sur la situation dans l’Union européenne. Une situation qui devient de plus en plus inquiétante. Les politiques erronées de de libéralisation des marchés au détriment de l’économie sociale de marché et de l’Etat social menées ces dernières années en Europe – et que l’OGBL n’a eu de cesse de combattre – étaient, comme elles le démontrent, condamnées à échouer. Ces politiques n’ont pas seulement déclenché une crise économique, elles ont produit une crise sociale et elles sont en train de produire une crise politique: Brexit, référendum en Hongrie, montée du populisme et de l’extremisme de droite un peu partout en Europe.
L’ambiance actuelle est marquée par un sentiment d’insécurité, de peurs sociales, de peurs de déclassement. C’est ce sentiment qui alimente la poussée de mouvements et partis d’extrême droite, qui constituent de véritables poisons pour tout progrès social et pour la démocratie.

Et lorsque vient s’ajouter le fait que des représentants des forces politiques dominantes ne se comportent pas de manière exemplaire comme par exemple l’ancienne commissaire européenne à la Concurrence Neelie Kroes qui possèdait une société offshore lorsqu’elle était en fonction; ou bien encore lorsqu’un pays, comme l’Irlande refuse qu’une entreprise multinationale comme Apple, qui ne payait que 0,005% d’impôts jusqu’à présent, ne lui verse 13 milliards d’euros de dédommagement comme l’y a condamné la Commission européenne: autant dire que l’Europe est gravement malade et que le modèle politique et économique qui prévaut est en train d’échouer.

Faire les bons choix politiques

La Commission européenne mène actuellement une vaste consultation en vue d’introduire un soi-disant socle européen de droits sociaux. Le moment est venu de décider quelle direction l’Union européenne veut emprunter: celle de la poursuite des politiques qui ont échoué jusqu’à présent, accompagnée du risque d’aggravation de la situation actuelle ou bien enfin celle qui prend le chemin d’une Europe sociale, œuvrant au bien-être des citoyens et où le travail est rémunéré à sa juste valeur. Ce qui est actuellement sur la table est en tout cas largement insuffisant et soulève de nombreuses questions.

L’OGBL lance dans contexte un appel à tous les partis politiques, tout particulièrement à ceux qui se présentent comme défendant les intérêts du salariat, afin qu’ils reprennent à leur compte ses revendications, à savoir:

  • donner un cadre contraignant au futur socle de droits sociaux européen
  • donner enfin la priorité aux droits sociaux sur les droits économiques, signifiant une rupture avec la logique de dérégulation et de libéralisation
  • instaurer enfin une logique de convergence sociale vers le haut
  • introduire un salaire social minimum européen
  • renforcer les droits syndicaux
  • promouvoir les systèmes de conventions collectives dans le cadre du dialogue social
  • en finir au niveau européen avec les attaques incessantes sur les systèmes de formation des salaires
  • en finir avec toutes les tentatives de démantèlement de la sécurité sociale et des prestations sociales

D’un point de vue économique, l’OGBL revendique en outre:

  • le renforcement de la demande intérieure, signifiant d’une part un nécessaire renforcement de la marge de manœuvre budgétaire des Etats rendue impossible actuellement dans le cadre des politiques restrictives imposées par le semestre européen; d’autre part, un renforcement du pouvoir d’achat des ménages passant par une revalorisation justifiée des salaires, ces derniers n’ayant pas évolué aussi vite que la productivité au cours des dernières années
  • que les politiques légifèrent contre la précarisation du travail et contre les conditions atypiques de travail: le CDI doit redevenir la mesure dans le monde du travail

La campagne «Un paquet social pour le Luxembourg» se poursuit et se voit complétée
Le Comité national de l’OGBL s’est ensuite penché plus particulièrement sur la situation au Luxembourg. La croissance continue d’être au rendez-vous, l’emploi a quant à lui connu une augmentation de 3% au 2e trimestre et le ministre des Finances vient d’annoncer un surplus de 800 millions d’euros dans les caisses de l’Etat par rapport aux prévisions budgétaires (+1,5% de croissance en plus que prévue): des chiffres qui viennent conforter l’analyse et la position de l’OGBL lors du vote du budget, tout comme son opposition au soi-disant et superflu «paquet pour l’avenir» du gouvernement. Le Luxembourg présente en effet de très bonnes finances publiques.

Dans ce contexte, l’OGBL a décidé non seulement de poursuivre sa campagne «Un paquet social pour le Luxembourg – Pour un meilleur travail et un meilleur revenu» mais de la compléter. L’OGBL revendique ainsi tout d’abord un développement salarial offensif au Luxembourg qui doit se traduire au niveau des conventions collectives de travail par des accords positifs (selon Eurostat, le Luxembourg arrive en Europe en avant dernière position en matière d’évolution du coût salarial nominal et ce malgré le système d’indexation des salaires).

Deuxièmement, l’OGBL considère que la perte de pouvoir d’achat accumulée depuis trois ans par les ménages en raison du non-déclenchement de l’index (qui résulte d’une inflation trop faible à cet effet mais néanmoins réelle et s’étendant sur une longue période), doit être compensée. L’OGBL revendique dans ce contexte:

  • le versement aux pensionnés d’une prime unique et uniforme de 1%
  • l’augmentation structurelle du salaire social minimum

Dans le cadre de la campagne «Un paquet social pour le Luxembourg» initié en 2015 par l’OGBL, un certain nombre de dossiers restent également encore ouverts. A commencer par l’introduction d’un droit à une pension partielle combinée à un travail partiel, mesure revendiquée par l’OGBL et pour laquelle le gouvernement s’est engagé en novembre 2014 envers les syndicats. Il est grand temps que le gouvernement entame enfin ce chantier.
Il en va de même pour les revendications de l’OGBL visant une réforme de la médecine du travail, une meilleure loi sur les licenciements, une réforme de la loi sur le maintien dans l’emploi, une réforme de loi sur les plans sociaux et de toute la discussion portant sur les préretraites. Les initiatives du gouvernement se font attendre sur tous ces sujets.

Une foule de dossiers en cours

Le Comité national de l’OGBL a ensuite passé en revue les différents projets de loi actuellement déposés à la Chambre des députés. En ce qui concerne le projet de réforme de l’assurance dépendance, l’OGBL constate qu’il manque toujours de très importants projets de règlements censés venir compléter le projet de loi et qui permettraient enfin à l’OGBL de procéder à une évaluation définitive de l’ensemble de ce projet de réforme.
L’OGBL réitère ensuite également sa critique relative au projet de réforme fiscale concernant tout particulièrement l’abaissement de l’imposition des entreprises. Une mesure totalement contre-productive pour la société, aussi bien économiquement que socialement et politiquement. Au nom de la justice fiscale, l’OGBL maintient également sa revendication visant à introduire un mécanisme d’adaptation du barème à l’inflation, afin d’éviter que les bas et moyens salaires ne se voient rapidement lésés.

L’OGBL ne peut pas se satisfaire non plus du projet de loi relatif aux congés extraordinaires qui, après analyse, prévoit par exemple de discriminer le pacs par rapport au mariage, de détériorer le nombre de jours de congés dans le cadre d’un déménagement et qui surtout ne prévoit aucunement l’introduction d’un congé social comme le revendiquait l’OGBL.

Au regard de l’excellente santé qu’affichent les réserves de la CNS, l’OGBL estime ensuite que le moment est enfin venu d’améliorer les prestations de santé, notamment en matière d’orthodontie et de chirurgie oculaire.

Le Comité national de l’OGBL a en outre tenu à rappeler au ministre du Développement durable et des Infrastructures son engagement de campagne de rendre les transports publics gratuits, en lui proposant de commencer dès à présent par introduire, dans une première étape, la gratuité des transports publics pour les personnes âgées.
Enfin, l’OGBL a tenu à saluer l’annonce du gouvernement qui souhaite rendre les livres dans l’enseignement secondaire gratuits. Un projet que l’OGBL soutient et dans le cadre duquel il se dit disposé à rencontrer le gouvernement.