Quelque 500 personnes ont répondu à l’appel de l’OGBL et du LCGB, le 22 novembre dernier, devant le ministère des Finances pour dénoncer les discriminations dont sont victimes les frontaliers au Luxembourg.
«Nous sommes rassemblés ici aujourd’hui pour défendre l’équité et la dignité des travailleurs, quelle que soit leur origine ou leur statut. Trop souvent, les discriminations contre les travailleurs frontaliers viennent briser cet idéal. Et aujourd’hui, nous devons dire STOP à ces injustices», a lancé de la tribune Adrien Nuijten, responsable pour les frontaliers belges à l’OGBL.
Sans les plus de 200 000 frontalières et frontaliers qui montent chaque jour en voiture ou dans le train pour venir travailler au Luxembourg, l’économie luxembourgeoise s’effondrerait. Les frontaliers jouent un rôle déterminant dans le développement économique du pays. Ils font pourtant l’objet d’une série de discriminations qui vont croissantes, rendant le Luxembourg de moins en moins attractif, comme l’explique James Marsh, responsable pour les frontaliers allemands à l’OGBL: «Le Luxembourg perd de plus en plus en attractivité. La situation sur les routes est indécente. Les embouteillages quotidiens et les trains surchargés sont la règle. Les obstacles et désagréments administratifs nous rendent la vie encore plus difficile. Les limitations en ce qui concerne le télétravail demeurent, alors que le télétravail serait pour nous justement ainsi que pour l’environnement un soulagement urgemment nécessaire. Les discriminations en matière de prestations sociales montrent que nous sommes toujours considérés comme des salariés de deuxième classe. Tous ces facteurs obligent de nombreux frontaliers à reconsidérer leur travail au Luxembourg.»
Une situation à laquelle s’ajoute désormais également une pression fiscale accrue, notamment pour les frontaliers allemands, qui voient leurs heures supplémentaires prestées au Luxembourg imposées dans leur pays de résidence. Si le ministre des Finances a certes fait récemment une proposition qui vise à compenser le manque à gagner par l’introduction d’un crédit d’impôts spécifique, les montants avancées sont encore loin d’être suffisants. Et le problème auquel sont confrontés actuellement les frontaliers allemands se posent de façon similaire pour les frontaliers belges en ce qui concerne les astreintes et pourraient bientôt s’étendre aux frontaliers français.
«Nous apportons tous les jours une contribution importante au développement économique du pays. Notre travail, notre engagement et notre temps mérite le respect et des conditions équitables. L’économie luxembourgeoise profitent énormément de notre disponibilité à prester des heures supplémentaires. Nombre d’entre nous travaillent dans des secteurs clés comme la santé, les transports et la logistique où les heures supplémentaires ne sont pas seulement courantes, mais souvent aussi nécessaires. Mais si la charge fiscale rend ces heures supplémentaires non attrayantes, le désastre économique sera inévitable», prévient James Marsh. C’est la raison pour laquelle l’OGBL et le LCGB ont appelé le ministre des Finances luxembourgeois et l’ensemble du gouvernement à intervenir auprès de leurs homologues des pays voisins et à réviser les conventions fiscales existantes afin d’agir contre toute pression fiscale supplémentaire et donc une perte de pouvoir d’achat, réaliser une harmonisation des règles applicables dans l’ensemble de la Grande Région, notamment en matière fiscale (heures supplémentaires, astreintes, télétravail), mais aussi supprimer les contrôles inutiles aux frontières et respecter pleinement l’accord de Schengen.
«Aujourd’hui, nous lançons un appel à tous les travailleurs: mobilisez-vous! Exigez la justice pour vos droits et refusez les discriminations. Ensemble, notre voix sera assez forte pour briser les murs de l’indifférence et faire entendre un message clair: les travailleurs, qu’ils soient résidents ou frontaliers, doivent être traités avec égalité et dignité.», a conclu Adrien Nuijten.
L’article a été publié dans l’Aktuell (5/2024)
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