Le progrès social se mesure en premier lieu à la capacité d’une société à offrir aux jeunes de meilleures perspectives professionnelles et sociales. L’Europe peut-elle se vanter de répondre à cette exigence?
En Grèce et en Espagne, cette question est désormais tranchée. Dans ces pays, on parle de «génération perdue». La moitié des jeunes gens se retrouve au chômage. Au Portugal, en Italie, en Slovaquie et en Irlande, un tiers des jeunes est frappé par le chômage. Et depuis longtemps, le chômage n’épargne plus les diplômés de l’enseignement supérieur. Dans d’autres pays européens, la situation est moins extrême, mais pas pour autant moins inquiétante. Le Luxembourg fait partie de ces pays.
Ce n’est pas seulement le chômage qui engendre pour un jeune de mauvaises perspectives sociales et professionnelles. Même un jeune qui a un emploi ne voit pas son avenir assuré. La politique des dites «réformes structurelles du marché de l’emploi» pratiquée par les gouvernements européens a dans de nombreux pays, dégradé le droit du travail. Le travail intérimaire, les contrats à durée déterminée, les emplois à bas salaire ainsi que l’affaiblissement de la protection contre les licenciements ne sont que quelques exemples pour les nombreuses dégradations du droit du travail qui frappent surtout les jeunes et qui affectent durablement tout aussi bien leurs chances professionnelles que leur situation sociale. L’OGBL combat cette politique hostile aux jeunes. Il rejette catégoriquement tout assouplissement de la législation sur les contrats à durée déterminée. Il défend le salaire social minimum et ses adaptations. Il n’acceptera pas qu’une généralisation des emplois à bas salaire dissimulés sous forme de stage puisse se faire. Le syndicat a également opposé un refus clair et net à la tentative du ministre du travail de promouvoir les services privés de placement.
La discussion sur les perspectives des jeunes serait pourtant trop restreinte si elle se limitait à leur seul jeune âge sans prendre en compte leurs perspectives sociales à long terme. Et celles-ci sont actuellement lourdement hypothéquées et nivelées vers le bas par les «réformes structurelles» néolibérales et la politique européenne d’austérité aux dépens de l’Etat social, des systèmes publics de protection sociale et de l’évolution des salaires et des revenus.
Les perspectives futures de rémunération des jeunes d’aujourd’hui s’assombrissent considérablement à cause de la politique d’affaiblissement systématique de la législation sur l’indexation menée par le gouvernement depuis 2006, qui a conduit en janvier 2012 à une dégradation structurelle de l’index. La «désindexation de toute l’économie luxembourgeoise» telle que revendiquée par le patronat constituerait une véritable catastrophe pour les perspectives de salaires et revenus des jeunes. En plus, il y a les attaques ciblées du patronat sur la négociation collective, attaques qui ont pour but de réduire les salaires et d’atténuer les perspectives salariales des jeunes entrant dans la vie active. Dans ce contexte, il ne faut d’ailleurs pas oublier que quelque 50% des jeunes ne bénéficient pas d’une convention collective de travail. Les restructurations d’entreprises, les privatisations et la sous-traitance d’activités débouchent en général sur des emplois mal rémunérés, appropriés à merveille à être prioritairement occupés par des jeunes.
La retraite est encore très loin pour les jeunes. Tout aussi bien dans le temps que dans leurs têtes. Ils ont bien d’autres défis à relever: école, formation, entrée dans la vie active, logement etc. Cela ne change cependant rien au fait que la réforme du système des pensions envisagée par le gouvernement aura, d’un point de vue objectif, les conséquences les plus néfastes pour les jeunes d’aujourd’hui. La réforme prévoit en effet une dégradation progressive des prestations de l’assurance pension publique. Et si le projet du gouvernement n’est pas modifié sur des points essentiels, comme le revendique l’OGBL, les jalons stratégiques pour de futures détériorations sont posés, des détériorations qui sont déjà mentionnées dans les déclarations de la fédération patronale UEL ou dans celles en provenance de Bruxelles: privatisation du système de l’assurance pension et augmentation progressive de la participation individuelle des assurés. La non-adaptation des pensions au 1er janvier 2013 à l’évolution moyenne des salaires constituerait un premier pas dans cette direction: une diminution réelle et définitive des pensions actuelles et futures de 1,7%.
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