Les syndicats représentatifs au niveau national, le gouvernement et l’UEL se sont retrouvés le 30 mars 2015 pour la seconde fois en vue d’échanger leurs points de vue dans le cadre du semestre européen. Pour rappel, le semestre européen constitue le principal outil de coordination et de surveillance des politiques économiques, structurelles, budgétaires et sociales visant à ce que les politiques nationales contribuent à la réalisation des objectifs communs fixés dans l’Union européenne et dans l’Union économique et monétaire. Cette deuxième réunion consultative était placée, tout comme la première, sous l’égide du Conseil économique et social (CES) et portait cette fois-ci davantage sur le volet national. Le gouvernement y a présenté ses principales priorités et a tenu à souligner que la santé de l’économie luxembourgeoise est relativement bonne, même si des défis persistent (manque d’investissement dans le domaine R&D, progression de la pauvreté et de l’exclusion sociale). En matière d’emploi, le Luxembourg se trouverait sur la bonne trajectoire à en croire le gouvernement. Commentant ensuite les cinq recommandations que le Luxembourg s’est vu adresser, le gouvernement a tenu à défendre son bilan et s’est en partie opposé à l’analyse de la Commission européenne, notamment en ce qui concerne la recommandation visant «à réduire les dépenses liées au vieillissement» et celle préconisant de «revoir le mode de formation des salaires» (index). De son côté, l’UEL, tout à son habitude, a fait l’éloge de l’analyse réalisée par la Commission européenne sur la situation luxembourgeoise en estimant qu’elle devait être prise au sérieux.
Les syndicats, conduits par l’OGBL, ont pour leur part tenu à souligner, bien loin des recommandations que le Luxembourg se voit adresser chaque année par Bruxelles, que la priorité des priorités devrait être aujourd’hui la lutte contre le chômage, la qualité et le maintien dans l’emploi, ainsi que la lutte contre les inégalités. La relance des investissements devrait quant à elle faire l’objet d’une règle d’or à l’avenir, de sorte que l’investissement public ne soit plus pris en compte dans le calcul des déficits. Les syndicats n’ont pas manqué non plus de critiquer une nouvelle fois la soi-disant «détérioration de la compétitivité-coût» au Luxembourg avancée par la Commission européenne qui se base sur un indicateur erroné (les coûts salariaux nominaux). Selon les syndicats, les salaires doivent être considérés, non pas comme un coût pour les entreprises, mais bien davantage comme du pouvoir d’achat donné aux travailleurs et pouvant dynamiser la demande intérieure. Tout en saluant le désaccord exprimé par le gouvernement en ce qui concerne la volonté de la Commission européenne de réformer le système d’indexation des salaires, les syndicats ont précisé que s’il ne fallait pas toucher à ce mécanisme, ce n’est pas simplement parce que l’inflation est actuellement faible comme l’avait sous-entendu le gouvernement, mais parce que ce dispositif est en partie garant de la paix sociale dans le pays. Le front syndical a également fait entendre son désaccord avec l’analyse de la Commission européenne selon laquelle les finances publiques ne seraient pas soutenables à long terme, notamment en raison d’une soi-disant dette implicite liée au futur financement des pensions. Les syndicats ont ainsi dû rappeler que le système des pensions se base sur un régime par répartition (les actifs d’aujourd’hui financent les pensions d’aujourd’hui) et non sur un régime par capitalisation (selon lequel les actifs d’aujourd’hui financeraient leur retraite futur). Les syndicats sont enfin également revenus sur les questions fiscales, d’une part en s’opposant vivement à l’idée suggérée par la Commission européenne d’augmenter la fiscalité indirecte (socialement injuste), d’autre part en s’étonnant que cette même Commission ne parle nulle part de l’opportunité de renforcer l’impôt sur les sociétés.
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