L’OGBL et les deux autres syndicats représentatifs au niveau national étaient à nouveau réunis avec la fédération patronale UEL et le gouvernement le 13 mars 2017 à la Chambre de Commerce dans le cadre du deuxième échange de vues de l’année, s’inscrivant dans le cadre du cycle de concertation du semestre européen. Pour rappel, le semestre européen constitue le principal outil de coordination des politiques budgétaires européennes visant à ce que les politiques nationales contribuent à la réalisation des objectifs communs fixés dans l’UE.
Alors que les membres du gouvernement en sont principalement restés à une présentation générale des recommandations de la Commission européenne, l’UEL a pour sa part fait sienne une bonne partie des recommandations, tout en tentant d’agiter une quelconque menace pour le pays que le Commission européenne sous-estimerait.
Intervenant au nom des trois organisations syndicales, le président de l’OGBL, André Roeltgen, a tout d’abord tenu à souligner le fait que la situation financière du Luxembourg est évaluée très positivement par la Commission. De l’autre côté, des problèmes récurrents persistent, comme celui avant tout du chômage et du haut niveau d’inégalités sociales. André Roeltgen n’a pas manqué non plus de faire remarquer que la Commission elle-même juge que la demande intérieure doit être renforcée, car elle constitue et constituera encore dans les années à venir, le moteur de la croissance économique au Luxembourg
Le président de l’OGBL a ensuite déploré que, bien que la Commission européenne souhaite donner davantage d’importance à la question de la réduction des inégalités, elle ne fait pour autant, aucunes propositions concrètes allant dans ce sens alors que celle-ci passe évidemment par un renforcement des salaires et des transferts sociaux.
Face à la nouvelle remise en cause de l’indexation automatique des salaires et des pensions, le président de l’OGBL a une nouvelle fois dû rappeler qu’un certain nombre d’études démontrent largement que l’index n’a pas d’effets négatifs sur l’inflation. André Roeltgen a également rappelé l’importance de l’index en tant qu’il constitue l’instrument le plus important du maintien de la paix sociale au Luxembourg.
Situation économique, revenus et inégalités sociales
Sur le plan économique, les syndicats luxembourgeois plaident, au niveau européen, en faveur d’un renforcement des salaires et des transferts sociaux. Il doit également être mis un terme au dumping salarial entre pays. Enfin, une règle d’or visant à promouvoir les investissements doit être introduite dans le cadre du semestre européen. Quant aux procédures prévues en cas de déficits, celles-ci doivent être abolies. Au niveau du Luxembourg, le président de l’OGBL demande un renforcement des salaires (augmentation du salaire social minimum et évolution positive des conventions collectives de travail). Des investissements élevés restent également nécessaires.
Le président de l’OGBL a ensuite attiré l’attention sur l’augmentation au Luxembourg au cours des 20 dernières années des inégalités, du risque de pauvreté et d’exclusion sociale. Trois catégories de personnes apparaissent ici comme particulièrement vulnérables: les familles monoparentales, les ressortissants de pays tiers et les enfants. Sans oublier les chômeurs. Le Luxembourg continue également d’afficher un des taux les plus élevés de travailleurs pauvres («working poor») en Europe. Il est intéressant de constater dans ce contexte que le niveau des 5% de salaires les plus élevés a augmenté de 60% entre 1995 et 2015 et que les 20% de salaires les plus faibles n’ont quant eux augmenté que de 36%. Concernant les fameuses «trappes à l’inactivité» mises en avant par la Commission européenne, André Roeltgen a demandé à ce que tout le monde reste très prudent dans l’analyse. Il a ainsi rappelé que 60% des chômeurs ne sont aujourd’hui pas indemnisés (une indemnité par ailleurs plafonnée et très limitée dans le temps) et que 15 à 20% de bénéficiaires du RMG sont dispensés de travail pour des raisons justifiées. Non, il n’existe pas de trappe à l’inactivité qu’il faudrait combattre. Les syndicats plaident à ce niveau au contraire pour une meilleure protection des chômeurs et pour une révision du projet de réforme du RMG qui risque d’avoir des conséquences dramatiques pour un certain nombre de personnes vulnérables.
Par ailleurs les syndicats revendiquent une augmentation structurelle de 10% du salaire social minimum et une revalorisation des prestations familiales.
Marché de l’emploi, fiscalité et assurances sociales
Si la Commission européenne évalue ensuite positivement le développement du marché de l’emploi au Luxembourg, les syndicats attirent l’attention sur le caractère spécifique de ce marché de l’emploi, dont le tableau peut être trompeur en raison de sa composition. Pour les syndicats, il est urgent que le gouvernement entreprenne une initiative législative contre les licenciements économiques abusifs qui se multiplient.
La loi sur les plans sociaux et celle sur les faillites doivent également et absolument être réformées. Les syndicats attendent également des initiatives en matière de stages (meilleure rémunération et protection sociale) et de comptes épargne-temps. Un droit à la pension partielle doit également voir le jour. Quant à la formation continue et professionnelle qui n’est déjà plus adaptée aux réalités d’aujourd’hui, le projet de loi actuellement sur la table reste largement insatisfaisant. Enfin en matière d’enseignement, les syndicats plaident en faveur d’un système qui soit plus équitable pour l’ensemble de la population.
En matière de fiscalité, le président de l’OGBL a tenu à souligner que la récente réforme qui vue d’un mauvais œil par la Commission européenne, ne vient que partiellement compensée les mesures de crise introduites au cours des dernières années. Il a également souligné dans ce contexte que la lutte contre les inégalités passe précisément par la fiscalité. Les syndicats luxembourgeois plaident en matière de finances publiques et de fiscalité pour une indexation du barème fiscal, une exonération fiscale du salaire social minimum, une réduction supplémentaire de la charge pesant sur les classes moyennes et une imposition plus importante des revenus du capital.
André Roeltgen a ensuite fustigé les nouvelles attaques de la Commission européenne à l’encontre du système de pension qui ne serait pas soutenable à long terme. Non seulement, ce pronostic est basé sur des projections allant sur plus de 40 ans qui ne sont bien évidemment pas sérieuses, mais il ne fait pas oublier que notre système de pension est fondé sur un système de répartition. Or un système de répartition n’a pas de dette implicite, comme essaie de le faire croire la Commission et l’UEL. Les syndicats se sont par ailleurs également étonnés qu’en évoquant l’assurance dépendance, la Commission parle sans cesse de coûts et jamais de qualité des prestations.
Logement
Enfin, concernant le logement qui demeure un problème récurrent au Luxembourg, la Commission constate à juste titre déséquilibre entre l’évolution des prix et celui des revenus. Sur ce point, le syndicats appellent à agir plus durement contre les rétentions de logement, à réaliser une étude visant à déterminer les moyens légaux qui permettraient de réguler les prix, à résoudre les problèmes actuels en matière d’accession au subventionnement de loyers et à fixer un taux de logement sociaux nécessaires en rapport avec le taux de pauvreté.
>> Document présenté par les trois syndicats représentatifs au niveau national (en PDF)
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