Le gouvernement, le patronat et les syndicats représentatifs au niveau national se sont retrouvés le 28 mars dernier au château de Senningen pour confronter leurs points de vue et leurs positions respectives par rapport à l’analyse que dresse la Commission européenne de la situation du Luxembourg. Il s’agissait de la deuxième réunion de concertation de l’année dans le cadre du «Dialogue social annuel sur le Semestre européen», suite aux rapports publiés début mars par le Commission européenne.
Dans sa présentation, le gouvernement a insisté sur la très bonne situation financière et économique dans laquelle se trouve le pays. Le patronat a, quant à lui, tenté de dépeindre un tableau inquiétant de l’avenir, en raison de salaires soi-disant trop élevés dans le pays et d’un système de pensions qui, à terme, ne serait pas viable.
Dans son intervention, le président de l’OGBL a lui tout d’abord souhaité replacer la discussion dans un cadre européen plus large, soulignant que la Commission européenne vient une nouvelle fois conforter l’analyse que dressent l’OGBL et le mouvement syndical européen depuis des années. En effet, et cette fois-ci de façon encore plus prononcée que l’année dernière, la Commission pointe un manque d’investissements criant en Europe et la nécessité de stimuler la demande intérieure, dont on sait que la consommation des ménages constitue, avec les investissements, le principal moteur. Les salaires doivent donc augmenter.
Dans ce contexte, les syndicats plaident, outre l’instauration généralisée de salaires minimaux en Europe (60% du salaire médian ou moyen), pour l’introduction d’une «règle d’or des salaires», en vertu de laquelle les salaires européens progresseraient à l’avenir en fonction de l’évolution de la productivité et de l’inflation. Ce qui permettrait enfin d’entrer dans une logique de convergence socio-économique sur le plan européen.
Les syndicats revendiquent également l’instauration d’une «règle d’or des finances publiques» visant à ce que les investissements publics ne soient plus pris en compte dans l’évaluation des budgets telle qu’elle se fait aujourd’hui au regard des critères de Maastricht. Les syndicats plaident parallèlement pour la création d’un «Trésor européen», financé par chaque pays à hauteur de 3% de son PIB, et dont l’objectif serait de prêter, à des taux plus faibles, de l’argent aux Etats afin qu’ils entreprennent les investissements nécessaires.
Sur le plan national, le président de l’OGBL a tout particulièrement insisté sur ce paradoxe scandaleux: alors même que les finances publiques et l’économie se portent très bien, les inégalités et la pauvreté augmentent dans le pays! Les syndicats soulignent notamment que les entreprises participent de moins en moins au financement de l’Etat et que toute réduction supplémentaire de leur imposition serait inacceptable. Ils pointent également l’énorme distorsion existant entre l’imposition des revenus du travail et ceux du capital (stock-options, dividendes, ..), en insistant sur la nécessité d’instaurer un mécanisme d’adaptation du barème fiscal à l’inflation.
Selon les syndicats, toute une série de mesures sociales s’impose aujourd’hui, allant de l’augmentation structurelle du salaire minimum à la question du logement, en passant par la protection des salariés.
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