Les salariés ne doivent pas payer pour cette crise!

Pour l’OGBL, la relance de l’économie ne peut être que synonyme de renforcement du pouvoir d’achat des ménages.

Covid-19 oblige, le Comité national de l’OGBL a à nouveau dû se réunir exceptionnellement à l’Hémicycle du Centre de conférences au Kirchberg, le 23 mars dernier. L’Hémicycle étant en effet actuellement un des rares lieux pouvant accueillir les membres du Comité national, tout en garantissant le respect des mesures de distanciation sociale.

Le Covid-19 et ses conséquences ont évidemment, sans grande surprise, à nouveau dominé les travaux du Comité national. L’OGBL a dans ce contexte également tenu à souligner l’impact psychologique et moral de la crise que nous traversons depuis désormais plus d’un an et qu’il ne faudrait pas sous-estimer. La pandémie s’éternise et un épuisement mental se fait effectivement de plus en plus ressentir dans la population. Une fatigue qui est accentuée chez de nombreux salariés, en particulier chez ceux qui sont en télétravail depuis des mois et qui souffrent d’isolement et chez ceux qui ont été et sont toujours, exténués, en première ligne… les secteurs essentiels. L’OGBL insiste pour que les troubles psychologiques qui se font jour soient enfin pris au sérieux au niveau national, d’autant plus que la souffrance mentale a un coût non-négligeable pour la société. Il faut apporter des réponses adéquates à ce phénomène qui se développe de manière préoccupante. L’OGBL a lancé dans ce contexte un appel au gouvernement et au patronat pour que cette question soit enfin sérieusement débattue et que des réponses y soient apportées. Le tout, évidemment, dans le cadre du dialogue social, si cher à l’OGBL.

Un dialogue social qui, par ailleurs, fait toujours défaut au niveau national et ce depuis le début de la crise, comme l’a déploré une nouvelle fois le Comité national, alors même que la situation appelle actuellement plus que jamais un tel dialogue entre les forces vives de la nation. L’OGBL exige d’être davantage associé aux mesures prises par le gouvernement. La situation est en effet inédite et les défis sont nombreux. Les réponses qu’il faut et qu’il faudra y apporter ne pourront pas se passer de l’apport de l’OGBL. Les effets économiques de la crise commencent à se faire ressentir en de nombreux endroits et les conséquences sociales risquent d’être désastreuses si la sortie de crise n’est pas élaborée avec les représentants du salariat.

Alors même que toutes les conséquences sociales et économiques de la crise n’ont pas encore produit leurs effets, plusieurs constats s’imposent. Les inégalités continuent de se creuser en cette période de crise, également au Luxembourg. La pauvreté augmente elle aussi. Le Luxembourg détient d’ailleurs le triste record de la plus grande proportion de «working poor» (travailleurs pauvres) parmi tous les pays européens. Et enfin, le Luxembourg affiche un des pires taux de pauvreté en Europe en ce qui concerne les familles monoparentales.

Pour l’OGBL, il est clair que l’Etat doit davantage soutenir les ménages en cette période tendue. Le pouvoir d’achat doit être renforcé. Et en aucun cas, il faudrait songer actuellement à faire des économies. La pire des choses serait d’entreprendre une politique d’austérité. Au contraire, la relance de l’économie doit être stimulée par l’Etat, en renforçant notamment le pouvoir d’achat des ménages.

Évidemment, se pose la question du financement d’une telle relance! L’OGBL a salué dans ce contexte les propos tenus lors du récent congrès du LSAP au cours duquel il a été souligné, qu’en aucun cas, les couches sociales moyennes et inférieures devraient être davantage appelés à contribution. Si des recettes fiscales supplémentaires devaient être générées, c’est du côté des grandes entreprises qu’il faudrait commencer à aller les chercher. Ceci fait largement écho à une revendication centrale de longue date de l’OGBL visant à rétablir davantage de justice fiscale au Luxembourg, notamment en imposant davantage les revenus du capital. Pour l’OGBL, il est clair en tout cas que les ménages ne devront pas être amenés à payer la facture de cette crise, comme ce fût malheureusement le cas lors de la dernière crise. Non, c’est aux gagnants de la crise — car il y en a — qu’il doit revenir de générer davantage de recettes si elles s’avèrent nécessaires. Mais comme a également tenu à le préciser l’OGBL, le moment n’est pas encore venu de débattre de cette question. Nous sommes actuellement encore en situation d’urgence et il s’agit avant tout de veiller à ce que les mesures qui permettent à l’économie de tenir (chômage partiel, aides aux entreprises) soient maintenues. La priorité doit être donnée actuellement à la santé et aux existences humaines, non aux logiques purement budgétaires.

Semestre européen: les priorités de l’OGBL

Un message que l’OGBL comptait bien faire passer également au gouvernement en amont de la réunion annuelle de concertation entre le gouvernement et les partenaires sociaux dans le cadre du semestre européen, qui a eu lieu le 30 mars et qui précède tous les ans, l’envoi à la Commission européenne des plans nationaux de réforme de chaque Etat membre. L’OGBL a tenu à saluer dans ce contexte que la Commission européenne ait assoupli ses règles budgétaires pour 2020 et 2021. Notons toutefois que pour l’OGBL, ces assouplissements doivent absolument s’étendre au-delà de 2021, car il serait illusoire de penser que l’économie se remette aussi rapidement.

Le Comité national de l’OGBL n’a pas non plus manquer de critiquer le fait que le gouvernement ait déjà publié un projet de plan de relance et de résilience dans le cadre du semestre européen, avant même que la consultation avec les partenaires sociaux n’ait eu lieu. En effet, l’OGBL a toute une série de revendications à faire valoir auprès du gouvernement, qu’il soumettra aux autres partenaires sociaux en vue d’élaborer un avis commun et qu’il espère bien retrouver dans le plan final que le gouvernement enverra fin avril à Bruxelles.

Ainsi, concernant la transition climatique, par exemple, l’OGBL insiste pour que chaque mesure prise en ce sens comporte une forte dimension sociale, comprenant ainsi des compensations pour les couches sociales moyennes et inférieures. La transition climatique ne doit en aucun cas devenir synonyme de casse sociale. Dans le cadre de la transformation numérique ensuite, l’OGBL défend une garantie de l’emploi visant à permettre aux salariés de ne pas perdre pied dans un monde du travail de plus en plus digitalisé. L’OGBL revendique ici des investissements conséquents, notamment en direction de la formation afin que les salariés puissent, le cas échéant, se reconvertir professionnellement.

En ce qui concerne l’emploi à proprement parler, l’OGBL revendique à la fois un renforcement de la protection des salariés (réformes nécessaires de la législation relative aux plans de maintien dans l’emploi et aux plans sociaux), la reconnaissance en tant que maladies professionnelles de certains troubles psychiques (réforme de la médecine du travail) et une réduction générale du temps de travail. Sur ce dernier point, l’OGBL s’est réjoui que ce thème ait également été soulevé lors du dernier congrès du LSAP. Il s’agit là évidemment d’une revendication de longue date de l’OGBL qui n’a rien perdu de son actualité. Au contraire, à une époque où les différentes formes de travail sont de plus en plus digitalisées, que le recours au chômage partiel a massivement augmenté, qu’il faut lutter contre le chômage de longue durée, qu’il existe une aspiration collective visant une meilleure conciliation entre vie privée et vie professionnelle et que la charge de travail s’intensifie partout, il est temps plus que jamais d’envisager sérieusement une véritable réduction du temps de travail.

Quant à la lutte contre la pauvreté et les inégalités, les leviers qu’il faut activer sont assez évidents pour l’OGBL: promotion des conventions collectives où se négocient précisément des améliorations salariales, augmentation du salaire social minimum, revalorisation conséquente des prestations familiales qui n’ont cessé de perdre de la valeur depuis 2006, lutte intransigeante contre la spéculation foncière et immobilière, …

Enfin, en matière de politique d’enseignement, l’OGBL défend le principe d’un droit pour tous à une éducation de bonne qualité, ce qui signifie un refus clair et net de toute privatisation ou affaiblissement de notre système d’enseignement public.

L’avenir de notre système de santé public

Autre grand sujet abordé lors du Comité national de l’OGBL: l’avenir de notre système de santé. Celui-ci est actuellement débattu entre les différents acteurs concernés, l’OGBL y compris, dans le cadre de ce qui a été appelé le «Gesondheetsdesch». Le Comité national s’est montré très préoccupé par le ton général des discussions qui y sont menées. Le système de santé public que nous connaissons y est en effet attaqué de front, notamment par certaines franges radicalisées du corps médical qui aspirent à faire de notre système de santé un business juteux, en préconisant des privatisations.

L’OGBL s’oppose évidemment par tous les moyens à ces velléités qui, si elles étaient suivies politiquement, déboucheraient immanquablement sur une médecine à deux vitesses et entraineraient ainsi une détérioration des prestations pour le plus grand nombre. L’OGBL s’y oppose fermement dans le cadre du «Gesondheetsdesch», mais constate malheureusement que les conditions de la discussion sont loin d’y être idéale. Ainsi, l’échange y est quasiment inexistant, les «discussions» se résumant la plupart du temps à des prises de position de la part de chaque camp, sans que les différents arguments et propositions avancés puissent être débattues. Et puis, paraissent tout d’un coup des bilans intermédiaires reprenant certaines positions, sans que les discussions les sous-tendant n’aient été vraiment menées à leur terme.

Alors qu’en période de Covid-19, tout le monde devrait avoir tiré les leçons qui s’imposent, à savoir que seul un système de santé public solide, tel que nous l’avons, nous a permis de traverser une crise sanitaire de cette ampleur, l’OGBL est consterné de devoir constater que certaines forces s’activent aujourd’hui encore en vue de le démanteler. L’OGBL compte bien augmenter la pression politique pour que cela n’arrive pas. Jamais.


Accord salarial dans la Fonction publique: pas comme ça!

Le Comité national de l’OGBL a vivement critiqué la façon dont le récent accord salarial dans la fonction publique a été conclue entre le gouvernement et la CGFP. Sans se prononcer sur la substance de l’accord, que sur la façon dont l’OGBL en a été informé, à savoir par voie de presse, alors que, d‘ordinaire, l’OGBL était au moins informé des résultats  des négociations avant que ces derniers ne soient rendus publics. Il faut savoir que cet accord salarial impacte directement ou indirectement les conditions de rénumération des agents CFL, des salariés du secteur de la santé et des soins ainsi que du secteur socio-éducatif, sans oublier les salariés auprès de l‘Etat et des communes. L’OGBL, respectivement l‘OGBL/Landesverband, est majoritaire dans tous ces secteurs, qui ensemble représentent plus de personnes que la Fonction publique au sens strict. L’OGBL revendique précisément pour cette raison, depuis plusieurs années, d’être présent à la table des négociations dans la Fonction publique.


Faire respecter le droit à la déconnexion

La question du droit à la déconnexion occupe beaucoup l’OGBL ces derniers temps. Les discussions initiées avec le patronat, au sein du Conseil économique et social (CES), ont bien avancé, de sorte qu’un accord semble désormais à portée de main, ce qui pourrait signifier l‘introduction du respect du droit à la déconnexion comme obligation patronale dans le droit du travail dans un avenir proche.


Renforcer les droits des salariés en cas de faillite

Si les aides aux entreprises et le recours massif au chômage partiel ont permis de limiter les faillites d’entreprises jusqu’à présent, il n’est pas certain que cette tendance se maintiennent dans les mois à venir. L’OGBL, qui revendique de longue date une réforme de la loi sur les faillites, est actuellement en discussion avec les ministres compétents en vue de renforcer les droits des salariés touchés par une faillite.


23.03.2021- Pressekonferenz – Nationalvirstand vum 23. Mäerz 2021