La situation sanitaire étant ce qu’elle, c’est une nouvelle fois à l’Hémicycle du Centre de conférences du Kirchberg à Luxembourg que le Comité national de l’OGBL s’est réuni le 7 décembre dernier.
Et autant dire qu’un sujet, qui n’était pourtant pas prévu à l’origine à l’ordre du jour de la réunion, s’est tout naturellement imposé suite à l’annonce du gouvernement, le 29 novembre dernier, de généraliser le CovidCheck en entreprises à partir du 15 janvier et des négociations qui s’en sont suivies entre le gouvernement et les partenaires sociaux au cours de la semaine précédant la réunion du Comité national.
Le Comité national a une nouvelle fois tenu à souligner qu’à aucun moment, l’OGBL n’a été demandeur d’une telle mesure. L’OGBL prend toutefois acte de cette décision du gouvernement, qui a pris ses responsabilités dans un contexte, il faut le dire, marqué par une forte augmentation des infections, voire des décès liés au Covid-19 et d’un taux de vaccination qui n’évolue que très lentement au niveau national. Comme l’a déclaré la présidente de l’OGBL, Nora Back, lors de son intervention: «On ne peut que regretter qu’on en soit arrivé là.»
Si l’OGBL s’est toujours prononcé pour la vaccination, qui reste jusqu’ici encore le meilleur moyen pour combattre le coronavirus, on ne peut pas dire en revanche que l’OGBL «salue» la généralisation du CovidCheck en entreprise. Le Comité national de l’OGBL note néanmoins trois différences majeures par rapport à la loi du 18 octobre qui avait introduit le CovidCheck «facultatif» en entreprise et à laquelle l’OGBL s’était massivement opposé. Premièrement, la mise en œuvre concrète de la mesure a été cette fois-ci discutée au préalable entre le gouvernement, les syndicats et les employeurs — ce qui n’avait pas été le cas en octobre. Deuxièmement, les négociations ont permis de fixer un cadre légal clair — ce qui manquait aussi totalement dans la première loi et qui ne faisait que refiler la «patate chaude» de sa mise en œuvre aux patrons et aux délégations du personnel. Et enfin, troisièmement, la mesure n’entrera en vigueur qu’au 15 janvier 2022 — ce qui laisse un temps de préparation suffisant pour clarifier toutes les questions en suspens et discuter sérieusement de la mise en œuvre concrète sur chaque lieu de travail.
Comme l’a expliqué la présidente de l’OGBL, les négociations qui ont eu lieu avec le gouvernement n’ont pas porté sur la généralisation ou non du CovidCheck sur le lieu de travail. Pour le gouvernement, cette clause était clairement non négociable. Les négociations ont donc porté uniquement sur le cadre légal fixant les règles à appliquer par rapport au CovidCheck.
Dans ce contexte, l’OGBL a mis l’accent tout particulièrement sur deux questions essentielles visant à sauvegarder les existences des personnes concernées et à éviter des situations de précarité extrême, à savoir: (1) le fait que le CovidCheck ne puisse pas entraîner de licenciements et (2) le fait que ne pas pouvoir travailler en raison de l’absence d’un CovidCheck valide ne puisse pas entraîner non plus une désaffiliation de la sécurité sociale – deux conditions essentielles acquises à l’issue des négociations. Il sera ainsi inscrit dans la loi que le fait de ne pas pouvoir ou vouloir présenter un CovidCheck valide ne constitue pas un motif de licenciement. Et en ce qui concerne la sécurité sociale, l’affiliation à la CNS est maintenue de toute façon pendant trois mois. Quant à la caisse de pension, il a été retenu que l’employeur continuera à payer la cotisation pendant les 64 heures/mois qui sont nécessaires pour maintenir l’affiliation ininterrompue au régime de pension.
Reste la question épineuse des tests et plus précisément de savoir qui les paie! L’OGBL avait déjà critiqué le fait qu’outre les tests PCR, les tests antigéniques rapides ne soient plus acceptés pour le CovidCheck que s’ils sont certifiés, entraînant ainsi un coût majeur pour les personnes obligées de se faire tester. Notons par ailleurs que cette mesure a mené à la situation faisant que beaucoup moins de personnes se font tester, et donc que la propagation du virus devient moins contrôlable. A cela s’ajoute l’injustice sociale du fait du coût mensuel engendré par cette mesure (600 à 700 euros) ayant pour conséquence que des personnes avec une rémunération élevée peuvent toujours se permettre de ne pas être vaccinées, alors que pour les salariés à revenu faible voire moyen, le CovidCheck crée de facto une obligation vaccinale. Or, jusqu’ici le gouvernement a toujours insisté sur le fait que la vaccination devait rester volontaire et dans ce cas, les gens ont donc a priori aussi le choix de ne pas se faire vacciner.
Pour toutes ces raisons, l’OGBL reste toujours d’avis qu’il faudrait maintenir la possibilité de se faire tester gratuitement, comme il n’a pas manqué de le faire savoir au gouvernement. L’OGBL s’est toutefois retrouvé relativement isolé avec cette position lors des discussions avec le gouvernement et les employeurs. Seule la prise en charge (intégrale) des tests par l’État pour la période entre la 1ère et la 2e vaccination a finalement été retenue par le gouvernement. Ce qui est bien un minimum aux yeux de l’OGBL.
Dans les discussions très difficiles avec le gouvernement, l’OGBL a tenté de limiter les dégâts et d’éviter que ne puissent advenir des situations de précarité extrême découlant de la décision du gouvernement. Et l’OGBL estime que sur certains points, ces garanties sont désormais données et qu’au moins un cadre légal plus clair a été retenu en comparaison avec la première loi prévoyant le CovidCheck en entreprise.
La dimension strictement sanitaire de la crise occulte les autres priorités du moment Le Comité national a ensuite pris acte pour le déplorer, qu’encore une fois, la dimension strictement sanitaire de la crise prend le dessus sur les considérations sociales, faisant que sur la place publique, des débats essentiels qui devraient pourtant aussi avoir lieu actuellement et dans le cadre desquels l’OGBL porte toute une série de revendications, sont bien trop négligés, à savoir: augmenter le pouvoir d’achat et les salaires, sécuriser les emplois, mettre en place une politique active pour des logements abordables, instaurer davantage de justice fiscale, mieux concilier vie privée et vie professionnelle, renforcer notre système de sécurité sociale. D’autant plus que les prix de l’énergie explosent actuellement, venant fortement pressuriser le pouvoir d’achat des ménages (lire en page 16). Comme le nom de la campagne lancée par l’OGBL à la rentrée l’indique: «C’est le moment» pour agir en tous ces domaines.
Et l’OGBL comptait bien le faire savoir au gouvernement lors de la réunion tripartite qui devait enfin avoir lieu le 13 décembre dernier (nous mettions sous presse à cette date).
Le Comité national de l’OGBL a condamné fermement les incidents qui ont émaillé la manifestation hostile aux mesures anti-Covid, le 4 décembre dernier à Luxembourg. Le Comité national a fustigé les violences, les intimidations et les comparaisons totalement scandaleuses faites avec la période nazie,qui sont une insulte aux juifs persécutés et à la résistance antifasciste. Il met cependant en garde que ces incidents provoqués par une minorité radicalisée ne soient utilisés pour mettre en cause la liberté de manifester.
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