Le 5 juin 2024 s’est tenue la troisième réunion du « Comité de suivi des investissements et des effectifs » de l’accord tripartite sidérurgique LUX 2025, en présence du ministre de l’Économie, Lex Delles, et du ministre du Travail, Georges Mischo, ainsi que des syndicats et de la direction d’ArcelorMittal. Cette réunion a permis de faire le point sur l’état d’avancement des projets retenus dans l’accord signé en janvier 2021.
En tant que syndicat majoritaire dans le secteur de la sidérurgie, l’OGBL a évidemment aussi participé à cette réunion qui est venue confirmer que les engagements d’ArcelorMittal envers les salariés et les pouvoirs publics sont actuellement presque intégralement respectés. Cet accord illustre la robustesse du dialogue social luxembourgeois, qui a permis au secteur de la sidérurgie de surmonter de nombreux défis depuis la fin des années 1970 sans pour autant pénaliser les salariés.
Le maintien de l’emploi avant tout !
ArcelorMittal compte actuellement un peu moins de 3 200 salariés au Luxembourg. Les réorganisations prévues par ArcelorMittal envisagent que d’ici fin 2025, les effectifs diminuent jusqu’à environ 3 000 salariés, contre 3 500 salariés encore en 2020. Ces chiffres concernent uniquement le périmètre sidérurgique (c’est-à-dire : les administrations, Belval, Differdange, Dommeldange et Rodange) et la tréfilerie de Bissen.
Tout en soulignant qu’il ne pourra jamais se satisfaire de suppressions de postes, l’OGBL souligne néanmoins que le recours à divers instruments comme les préretraites, la cellule de reclassement (CDR) et les réaffectations ont permis d’éviter un plan social.
Paradoxalement, malgré le sureffectif identifié par l’entreprise, ArcelorMittal est constamment à la recherche de nouveaux salariés en raison des réorganisations et des départs difficiles à remplacer, dans un contexte marqué par une pénurie de main-d’œuvre. Environ 700 salariés ont quitté l’entreprise en un peu plus de trois ans. Ces départs ne sont pas directement liés aux transformations prévues par l’accord. Cette situation inédite est très préoccupante pour l’OGBL, car elle impacte négativement les conditions de travail des salariés au Luxembourg et pose un certain nombre de problèmes au niveau de la transmission des savoirs.
ArcelorMittal maintient le cap au niveau des investissements
ArcelorMittal s’est engagé à investir entre 165 millions d’euros (engagement minimum) et 205 millions d’euros (engagement maximum) au cours des cinq années sur lesquelles porte l’accord (2021-2025). Au bout de trois ans, le seuil minimum a déjà été dépassé, et le niveau des investissements s’approche désormais du seuil maximum. À ce stade, l’OGBL constate donc que l’entreprise respecte ses engagements en matière d’investissements pour les sites du périmètre sidérurgique. Néanmoins, l’OGBL exprime des réserves concernant la tréfilerie de Bissen, où aucun investissement d’avenir n’a été réalisé à ce jour.
Des projets d’investissements supplémentaires (ne relevant pas de l’accord) ont également été présentés lors de la réunion : réduction des émissions diffuses à Differdange et modernisation de l’aciérie de Belval qui s’inscrivent dans les projets de décarbonisation du groupe.
L’avenir des activités d’ArcelorMittal au Luxembourg
L’OGBL continue de surveiller de très près le site de Dommeldange, afin de garantir la pérennité des emplois et la transmission du savoir-faire, tout en veillant au respect des garanties données par le groupe quant au maintien des activités STAF (souder, tourner, ajuster, fraiser). En amont de ce comité de suivi, la direction et les représentants du personnel ont décidé d’organiser une réunion spécialement dédiée à Dommeldange afin de faire un état des lieux de la situation et d’établir un plan d’actions. Ceci vient confirmer l’intention d’ArcelorMittal de vouloir valoriser et maintenir ces compétences au sein de la division « Long Products Luxembourg ».
Quant à Bissen, malgré les promesses et les belles annonces d’investissements, toutes les inquiétudes soulevées précédemment semblent malheureusement se concrétiser. Les investissements peinent en effet à arriver. La situation financière est préoccupante et inquiète les salariés autant que l’OGBL. Le seuil promis de 322 emplois maintenus à Bissen d’ici la fin 2025 n’est actuellement déjà plus respecté. Aujourd’hui, le site ne compte en effet déjà plus que 276 salariés. Le groupe demande par ailleurs davantage d’efforts et un « plan de redressement » qui ne sont pas prévus par l’accord existant. L’OGBL ne peut que constater que le site traverse actuellement une crise sans précédent et qu’une réaction est indispensable ! Face à ce constat, il a été retenu, lors de la réunion, de constituer dans les meilleurs délais un groupe de travail tripartite visant à mettre en place un avenant à l’accord LUX2025 afin de pérenniser le site de Bissen et les emplois qui en découlent. Dans ce contexte, une visite du site sera effectuée avec les ministres.
Concernant la construction du bâtiment au Kirchberg devant accueillir le nouveau siège de l’entreprise, les travaux devraient en principe s’achever dans les délais prévus.
Engagements presque intégralement tenus
Dans un contexte très incertain, marqué par des crises multiples, le groupe ArcelorMittal se porte plutôt bien et les activités au Luxembourg, à une exception près, contribuent activement à cette situation. Pour l’OGBL, ceci est rendu possible uniquement grâce aux salariés et au maintien d’un dialogue social de qualité. L’OGBL continuera à accompagner de près les réorganisations et les transformations, en veillant au respect des intérêts des salariés.
L’OGBL continuera également à revendiquer davantage d’investissements au Luxembourg, aussi bien au niveau de la santé et la sécurité des salariés, que dans les outils de production, ou bien encore au niveau du personnel accompagnant toutes ces évolutions.
Enfin, l’OGBL tient à remercier les ministres Lex Delles et Georges Mischo, ainsi que leurs équipes respectives, pour leur engagement et leur réactivité dans l’accompagnement de cet accord tripartite couvrant le secteur de la sidérurgie et la tréfilerie de Bissen.
Communiqué par le syndicat Sidérurgie et Mines de l’OGBL, le 6 juin 2024
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